« La sécurité est la plus grande ennemie des mortels. » Macbeth. W Shakespeare.

17 septembre 2023

Bon, ben c’est fini

On n’a pas atteint l’océan arctique mais la boucle à travers la Méditerranée et l’Atlantique jusqu’aux Açores puis en Irlande a remplacé ce rêve par une épopée cumulant de superbes navigations, des avaries, du temps mou puis musclé, une belle distance, beaucoup d’endroits mythiques et déjà des souvenirs à l’intérieure d’une fresque à peine terminée. Et puis, c’est quand même l’histoire de deux vieux potes, Olivier et mézigue, qui s’entendent super bien, qui se marrent et progressent doucement labourant la mer pour y planter les germes d’une expérience prometteuse de risques et de libertés.

Ce n’est pas exemplaire de se soustraire quelques temps à nos vies sociales et affectives mais ce blog servait à partager en plus des paysages, des humeurs et quelques textes, un sentiment de rupture vivifiante. On a bien ri et il peut maintenant disparaitre dans le cyberspace.

Je vais conclure comme en 2011 après une longue traversée du Pacifique que mon avenir est sur terre tout le temps et en mer souvent mais surtout joyeux car  j’ai la flemme d’être triste, et quand ça me prend, ça ne dure pas… je trouve ça trop chiant. C’est un machin que j’ai pioché en me baladant… captant le bon air et la bonne distance, tu vois !… l’absence de frustration du mec moyen, efficace, sans illusion, qui assume bien sa tâche, guidé par des rêves contagieux. (fais gaffe!)

Merci à tous ceux qui ont permis que cette balade voit le jour. Elle se termine avec le bateau au sec sur les bords de la Charente.

Bizobiz

Rocher de Gibraltar.
« ça va chier! »
Avec Elisa, ma filleule et fille d’Olivier qui a fait les premiers jours avec nous jusqu’au Baléares.
Volute de fumée du fumeur de Havane. Santa maria. Açores
Olivier, Lionel l’ancien proprio de Rokalo et mézigue lors d’un essai en mer à Sète il y a un an.
Pointe du Raz.
Zouille (surnom d’Olivier depuis 30 ans) et oim.
Du haut de Belle Île.
Phare du chenal du Four
Loctudy
« Bacchus amoureux » Jean Paul Rebeyrolle
In the middle of nowhere, mais le matin.
Aber Vrac’h.
Loctudy
Cobh, Cork bay.

Hier, on a eu droit…

15 septembre 2023
…au fort Boyart.
…à une balade sur la Chatente.
… à Rokalo sur des roulettes.
… Rokalo qui part vers sa place paisible au bord de la charente.

Il me restera deux messages pour te dire comment on desarme le rafiot et conclure avant que ce blog ne disparaisse dans le cyberspace.

Le pont de l’île de Ré.

13 septembre 2023

L’arrivée ce soir à La Rochelle est émouvante après le passage sous le pont de l’île de Ré.

À gauche de la photo, dans le prolongement, il y a une plage où enfant et ado, j’ai passé tous les étés. J’y ai rencontré mon super pote Juju. Avec lui, à 13 ans, on est parti en planche à voile jusqu’à La Rochelle sans prevenir nos parents qui n’ont trop rien dit malgré l’angoisse car ils sentaient qu’on était heureux et que c’était un acte d’émancipation (c’est la classe quand même). J’ai adoré et depuis, je recommence tout le temps sur des terrains de jeu plus grands.

Sur le premier message de ce journal, j’ai raconté notre première sortie en voilier de location à La Rochelle durant laquelle on a défoncé le bateau dans le port de Saint Martin de Ré. On l’avait attaché mal avec des noeuds un peu coulants. Lors de cet exploit, il y avait Olivier et Juju qui sont, avec mes autres grand-e-s ami-e-s, la partie continue de nos vies au milieu des cycles du temps. La boucle est bouclée.

Bizanboucle.

Les Sables d’Olonne

13 septembre 2023

Les Sables d’Olonne et le fameux canal du port d’où partent et arrivent les rafiots du Vendée Globe. Direction La Rochelle en passant devant l’île de Ré. Émotions garanties.

Oceano Nox

10 septembre 2023

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée.
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n’avaient plus qu’un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On s’entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d’ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures,
Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures,
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

On demande : — Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? —
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L’un n’a-t-il pas sa barque et l’autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l’orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l’étroit cimetière où l’écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s’effeuille à l’automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l’angle d’un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !

Victor Hugo. (C’est pas de la barbichette de chèvre ! )

Le désir de la mer.

10 septembre 2023

« Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer.

Antoine de Saint Exupery.

Cardinale Sud

10 septembre 2023
Phare du chenal du Four entre Ouessant et le continent. 17 Aout 2023

On est à Lorient pour un départ ce matin vers Belle île. La nouvelle boite de vitesse fonctionnement très bien et hier, on est passé devant la fameuse balise que l’on avait raté en 1996 lors d’une sortie en voilier et qui nous donna l’occasion de ressentir l’émotion d’une balade au milieu des rochers qui affleurent la surface. C’était comme un pèlerinage tant cette histoire nous structure.

Comme je te le disais, en 1996, Olivier et mézigue pensions que ce n’était pas bien sorcier de partir en balade sur une mer calme mais on a défoncé la quille d’une voilier de location (le 2ème).

La veille du départ de cette sortie en mer, on s’était retrouvé sur un voilier de 9 m loué pour 2 jours et après le repas en jouant aux échecs, on s’arsouillait au Jack Daniels. Le lendemain, la langue en plaque d’égout alourdie de Bourbon, on naviguait depuis L’île Groix vers les Glénans et le long de la côte avant Concarneau se trouve une « Cardinale Sud» que l’on a largement ignoré, non par arrogance mais par insouciance mais le résultat est le même.

Une « Cardinale » est une balise qui signale un danger et son nom définie sa position… Par exemple : une « Cardinale Sud » est située au Sud de l’obstacle et il faut donc passer au Sud de la balise….

Or on discutait (de cinéma, si ma mémoire est bonne) quand un grand boum avec un arrêt buffet m’a fait valdinguer dans le bateau car j’étais debout dans la descente et Olivier à la barre à roue… Je ne sais pas comment on a fait pour sortir le bateau sans toucher tous les autres cailloux qui nous criaient « hourra ». Il y en avait partout qui affleuraient. Il y avait également une barque de pêcheurs à la ligne, positionnés sur la Cardinale ignorée qui mataient la scène et pour sûr se foutaient de notre gueule. Les bouteilles de vin bien calées avaient explosées sur l’ébranlement.

Mais la meilleure, reste notre retour avec le voilier… Le lendemain soir, après une nuit au mouillage aux Glénans et une belle journée de navigation… On arrive à l’ heure dite au port de Lorient pour rendre le batîment. Le proprio du voilier nous attendait avec un expert pour vérifier la quille… On faisait une drôle de gueule avec mon pote et on se disait, « Putain, comment ils ont su »

Le proprio nous ignorait puisque n’appartenant ni à la classe des propriétaires, ni à celle des techniciens, on était loin de lui et inutile. Mais on le pressait de questions et il finit par nous dire qu’une semaine avant, il avait talonné lors d’une régate (Talonner, ça veut dire toucher le fond de la mer avec la quille. La quille est attachée à la coque par de grosses visses coulées dans un bloc de résine, ainsi quand tu touches le fond très fort, c’est le bloc de résine qui casse et pas la coque)… Or l’expert constate que les dégâts sont sérieux et que la résine est fendue même si le proprio pensait ne pas avoir touché trop fort… Mais nous  Oui !!!, on avait bien cartonné… On lui a même fait remarquer qu’il aurait pu nous prévenir… que ça ne se fait pas de cacher des avaries… On l’a dit gentiment, avec une décontraction de gens d’expérience… On passait tout le temps pour des glands, il nous fallait bien un petit quart d’heure de considération…

ça, c’est une vraie histoire de Pieds de Nickelés…

Bizofon

Le « passage du rail d’Ouessant en rentrant d’Irlande» coming soon.

L’inverseur

8 septembre 2023
Photo le matin en partant chercher « l’inverseur »

« L’inverseur » pourrait être le nom d’un film comique mais il s’agit de la boite de vitesses.

On alterne une fois sur deux pour garer notre planche à voile dans les ports. C’est assez folklo et Il y a deux jours, en arrivant à Loctudy, j’étais à la manœuvre . Je passe la marche arrière pour arrêter le bateau qui avançait vers l’étrave d’un gros voilier amarré. Sauf qu’un bruit de moulin à café sort de cette « inverseur » et Rokalo continue sa course. Olivier sur le bateau et un mec du port sur le ponton venu nous filer un coup de main sont arrivés a éviter l’impact. On a rien cassé et c’est un petit miracle car Rokalo pèse 11 tonnes et même à 3 km/h et l’arrêt brutal contre une coque en polyester peut faire du dégât

Ambiance Titanic !!!! non non… pas du tout… juste du plastique froissé sur des coquilles à 500 000 boules dans une marina mais on a évité le constat.

Hier, nous sommes allé en bagnole à Saint Gilles Croix de Vie pour acheter un inverseur à un pro et on le change aujourd’hui pour un départ demain vers l’île de Groix… On va croiser au sud de Concarneau, la zone de rochers sur laquelle, avec Olivier , en 1996 par beau temps, totalement distraits, on avait défoncé un voilier de location. C’est une de nos anecdotes de balade de cette époque dont on est quand même un peu fier car on peut craner comme des saltimbanques sans formation traquant leurs rêves sur l’océan qui sont passés par la case des fortunes de mer. L’insouciance et la légèreté pavoisent parfois la vanité.

Les Pieds de Nickelés.

SOS Fantômes.

6 septembre 2023
Rafiot de voyage tout pourri à coté du notre au port de Loctudy en Bretagne.

Quelle traversée depuis l’Irlande !

Le départ depuis Cork en Irlande était agréable. La baie est immense et sa beauté est venue au cours des quelques jours d’escale à Monkstown et Crosshaven se charger du poids de ce site historique, de l’identité Irlandaise et de la mer. Dans la baie se retrouvent : la ville de Cork bastion de la revolution irlandaise et son premier Bloody Sunday en 1920, juste avant l’indépendance, le plus vieux Yacht club du monde situé à Crosshaven (Royal Cork Yacht Club. 1720) et le quai de la ville de Cobh où s’est arrêté le Titanic pour une dernière escale avant son départ pour sa première transatlantique et la visite des fonds marins sous la pointe du Groenland. Autant te dire que l’on ressent le poids de l’histoire et de la ferraille.

Donc, on sort de la baie, le samedi 2 septembre. Les conditions sont bonnes et plutôt calmes et je vais te raconter dans un premier temps notre arrivée en Bretagne le mardi 5 septembre. Je garde le récit de la traversée de la mer d’Irlande puis du rail des cargos d’Ouessant avec le temps qui se gâte et la brume pour un prochain message.

Il est 7h le matin du 4ème jour de mer depuis l’Irlande,. Le soleil va se lever et nous sommes à 30 milles du Port de Loctudy en Bretagne Sud… autant dire à quelques encablures de l’arrivée et d’un soulagement après les derniers jours difficiles.

Je prends le quart et Olivier me fait un résumé de la situation : « Il y a six bateaux de pêche autour de nous dont un qui passe juste devant »… et il file se coucher.

Je profite de croiser le bateau de pêche par l’arrière pour lui demander à la VHF la distance de sécurité en général pour ne pas se prendre le filet d’un rafiot qui laboure la mer.

Pour ne rien te cacher, je trouvais que son bateau avait une forme bizarre pour un bateau de pêche. Je trouve son nom sur le système de repérage ; « Dee Fisher » et j’appelle le gonze.

« Dee Fisher, Dee Fisher, de Rokalo, bateau à voile » que je dis dans la VHF… le gars du bateau dit « Rokalo, Rokalo from Dee Fisher… In english please »

Ha ouais ! Un bateau de pêche etranger si près des côtes sud.

J’lui dis: « Dee Fischer, could you tell me the distance of security I should leave behind your boat to avoid your net when you are fishing »

et là c’est le choc ! Il me dit « Sorry sir, I’m not a fisching boat, I am a Tanker »

Putain de bordel… C’te honte, je ressors pour voir et effectivement, le truc est énorme et plat… C’est un tanker typique. Je finis la converse par un « Sorry for that… Have a good trip »

Bon, à ma décharge, ces couillons ont prénommé leur Tanker « Dee Fischer »… c’est malin !… Et mon pote avait fait un raccourci où tous les bateaux présents autour de nous péchaient et j’ai gardé cette vérité en moi sans la critiquer devant un Tanker colossale.

2 heures plus tard, Olivier se réveille et pointe son nez dehors et je lui raconte… Alors évidemment, il se marre et me dit « Là, t’as fait fort… l’anglophone va raconter ça partout et vu qu’il est décrit que le niveau intellectuel baisse en France, il a un exemple tout trouvé »

Bizofilédutanker