Voici deux textes qui parlent d’amour.
Le premier est un poème de Pablo Neruda » La centaine d’amour » et le deuxième est un extrait d’un San Antonio « Certain l’aime chauve »
1er texte :
« La centaine d’amour
Sache que je ne t’aime pas et que je t’aime
Puisque est double la façon d’être de la vie,
Puisque la parole est une aile du silence,
Et qu’il est dans le feu une moitié de froid.
Moi je t’aime afin de commencer à t’aimer,
Afin de pouvoir recommencer l’infini
Et pour que jamais je ne cesse de t’aimer :
C’est pour cela que je ne t’aime pas encore.
Je t’aime et je ne t’aime pas, c’est comme si
J’avais entre mes deux mains les clés du bonheur
Et un infortuné, un certain destin.
Mon amour a deux existences pour t’aimer.
Pour cela je t’aime quand je ne t’aime pas
Et c’est pour cela que je t’aime quand je t’aime.
Pablo Neruda »
2ème texte:
San Antonio « Certain l’aime chauve » (extrait)
Je resitue cet extrait dans l’histoire du bouquin :
Les héros sont San Antonio et Berurier, deux policier déguisés en femme pour intégrer une communauté féministe. (Bérurier est renomé Adeline)
Adeline-Béru (Bérurier) vient d’avoir un rapport avec Judith, une feministe, mais il devait passer pour une femme alors je ne te fais pas un dessin.
Voici un extrait cocasse et c’est San Antonio qui raconte puis Bérurier lui repond.
« Dame Bérurière tousse à s’en arracher les soufflets. J’ai beau lui tambouriner le dossard, il tire des rafales de quintes éclaboussantes. Ses yeux faits s’exorbitent. Son rimel est en crue. Son rouge à lèvre bave comme sur une image d’Epinal (Vosges).
-Qu’est ce qui t’arrive, douce Adeline? m’apitoie-je
Entre deux expectorations, la chère mignonne m’annonce qu’elle a un chat dans la gorge et, pour preuve , me montre un ravissant poil blond qui trie-bouchonne sur sa langue.
-cette conne de Judith… Un vrai fouinozoff d’artichaud… Devrait remplir son bidet avec du Pétrole Hanh… Elle va devenir chauve du foutoir cette doudoune. P’t’ être qu’elle mue, note bien… le changement de climat… J’sais qu’une fois Berthe, ça y est arrivé… aux îles Balnéaires, à Pèlemoi-le-Majorque… Elle s’effeuillait des frisettes Berthy… Une pure calamité… Je toussais pire qu’un vieux mineur de fond… Note que j’ai un dent d’devant qu’accroche… ça fait râteau, tu comprends?… Quand je clapote dans le bonheur de la dame, je la plume sans qu’elle susse, au milieu de la jouisserie… Dedieu de Dieu, j’m’en ai offert toute une botte… Doit z’avoir besoin de se faire stopper le trésor, maintenant…
Et il tousse, tousse, à faire pitié. Touillant sa vaste bouche d’un médius à toucher rectal dans l’espoir d’en extraire la pilosité engendreuse de quintes.
Judith, repantante, lui apporte une bouteille de champ’ qu’il boit au goulot, s’arrêtant toutes les deux goulées afin de trier les bulles et les restituer à la brise du soir.
Grisées de mots, de mets épicés, de vins délicats et d’odeurs suaves, nous nous mettons au plumard. Des insectes moulinent des élytres dans le silence de la nature éteinte.